Dans la salle commune des rouges et or, Léonie somnolait sur l'un des nombreux fauteuils en tissu ocre. Enfin, faisait semblant de somnoler. La jeune fille était en effet bien réveillée et attendait avec impatience que le couple qui restait dans la salle commune se dépêche de monter se coucher. Malheureusement pour elle, ces deux là n'avaient pas l'air de vouloir se détacher, et encore moins de se séparer. La jeune fille ouvrit un œil et regarda une nouvelle fois dans leur direction. Ils étaient toujours collés bouche contre bouche et Léonie soupira tout en pestant contre les couples de ce genre. Une nuit loin l'un de l'autre n'allait tout de même pas les tuer ! Quoi que, si ils continuaient comme ça, Léonie aurait vite fait d'en tuer un des deux. Désespérée, la jeune fille jeta un coup d'œil à l'horloge de la salle commune. Vingt trois heures et trente minutes. Elle allait être en retard, c'était sûr.

Aussi décida-t-elle de prendre son mal en patience et pensa à autre chose. A ce qu'elle allait faire cette nuit par exemple. Léonie avait en effet donné rendez vous à sa meilleure amie, Alyss, dans le couloir des armures. Bien qu'elle sache pertinemment que son amie n'était pas du genre à s'aventurer dans le château une fois la nuit tombée, elle l'avait tellement supplié que la jeune Serdaigle avait été obligée de céder. Léonie trouvait parfois sa meilleure amie trop à cheval sur le règlement, aussi s'arrangeait-elle pour la faire un peu transgresser les règles. Et elle savait très bien qu'Alyss avait dû mal à lui refuser quelque chose. Ce que Léonie comprenait très bien. Elle non plus n'aurait pas refusé quelque chose à son amie, même si elle devait le faire à contre cœur. Mais tout cela se passait beaucoup moins souvent dans ce sens, Léonie en était consciente.

D'ailleurs, ce qui l'étonnait le plus dans sa relation avec la bleu et argent, c'est que malgré leurs différences, elles arrivaient à être amies. Meilleures amies de surcroît. Et cela en étonnait plus d'un à Poudlard. C'est sûr qu'étant donné les réputations carrément opposées des deux jeunes filles, on aurait pût penser qu'elles ne se seraient jamais adressées la parole. L'une était une élève studieuse, très attachée au règlement, qui n'aimait pas trop transgresser les règles, et de plus assez timide avec les garçons. L'autre était un oiseau de nuit qui s'amusait à sortir après le couvre feu, très volage et qui n'était pas vraiment une élève très studieuse. Tout les opposait, mais cela ne faisait sans doute que renforcer leur amitié.

La jeune rouge et or jeta une nouvelle fois un coup d'œil à l'horloge et vit avec effroi qu'il était maintenant près de vingt trois heures et trente cinq minutes. Ça n'allait pas être possible, ils allaient bouger les deux tourtereaux. Et elle allait les aider à se décoller. La jeune fille glissa sa main dans sa robe de sorcière et en sortit sa baguette. Elle pointa le couple discrètement et murmura confundo. Aussitôt, un horrible bruit de succion se fit entendre et les deux jeunes se regardèrent d'un air désabusé. Le garçon regarda sa petite amie et cligna des yeux plusieurs fois d'un air totalement idiot. Ce qui fit bien rire intérieurement Léonie. Le couple commença à parler à une vitesse incroyablement lente mais Léonie ne put percevoir aucun des mots qu'ils échangeaient. Et quelques secondes plus tard, les deux jeunes se levèrent et se dirigèrent vers les escaliers, avec un air toujours aussi désabusé.

Léonie attendit quelques secondes pour être sûre qu'ils soient bien rentrés dans leur dortoir. Elle garda sa baguette dans la main et se leva d'un bond de son fauteuil. La rouge et or s'empressa d'attraper sa cape qui traînait sur une des chaises de la pièce et se dirigea vers le tableau de la Grosse Dame. Là, elle dut mettre toutes ses forces pour la réveiller. Ce qui lui valut une bonne dizaine de cris du portrait qui lui cassa les oreilles avant de daigner lui ouvrir le passage. Elle réussit enfin à sortir dans le couloir et soupira. Elle prononça lumos et le couloir fut tout de suite baigné dans une douce lumière blanche, qui donnait au lieu un horrible aspect morbide. Mais Léonie n'y fit pas attention et se dirigea vers le lieu de rendez vous. Elle pria intérieurement que son amie ne soit pas partie, car elle devait bien avoir au moins dix ou quinze minutes de retard. Heureusement, lorsqu'elle s'approcha du lieu, elle aperçut une lointaine lumière. Mais la lumière disparut aussitôt. La jeune fille s'empressa donc et accéléra le pas.


Arrivée près de la gargouille, elle la vit. Le visage caché derrière ses mains, dissimulée derrière la gargouille. La jeune Gryffondor ne put s'empêcher de sourire à l'attitude de son amie et s'approcha d'elle sans bruit. Elle lui tapota l'épaule tout en souriant de toutes ses dents. Alyss se retourna et lorsqu'elle reconnu son amie, elle soupira et se jeta dans ses bras.

Alyss ▬ Tu es folle ! J’ai failli avoir une crise cardiaque !
Léonie ▬ Désolée, mais j'avais peur que tu sois partie alors je me suis dépêchée.

Léonie ne put retenir un éclat de rire avant de se rappeler l'heure qu'il était. Elle stoppa aussitôt son rire qui se perdit dans les profondeurs de la nuit.

Léonie ▬ Il y avait deux sangsues dans ma salle commune. Ils ne voulaient pas se détacher ça me tapait vraiment sur les nerfs, ajouta-elle en soupirant, j'ai cru que j'allais en tuer un des deux.

Alyss ne perdit pas de temps et, après lui avoir adressé un faible sourire, elle lui répondit.

Alyss ▬ Ne t’inquiète pas, c’est pas grave. Le plus important, c’est que tu sois venue en fait, parce que moi, je ne me voyais pas retourner dans la tour des Serdaigles toute seule.

C'était bien le genre d'Alyss de ne pas vouloir traîner seule dans les couloirs. La rouge était bien placée pour le savoir. Combien de fois n'avait-elle pas raccompagnée la bleu jusqu'à sa tour par crainte de cette dernière de rencontrer un professeur ou un préfet ? Mais cela ne dérangeait en rien notre Johnson, toujours prête à faire un tour pour faire plaisir à un ami. Après tout la bleu était sa meilleure amie, et Léonie lui en demandait déjà beaucoup en la faisant sortir après le couvre feu, aussi était-il normal de l'accompagner jusqu'au bout. Mais la rouge eut à peine le temps d'ouvrir la bouche pour répondre d'une voix rassurante à son amie, que cette dernière était déjà au milieu du couloir. Léonie fronça subitement les sourcils. Alyss était-elle en train de se diriger d'elle même vers un lieu pour leur rendez vous nocturne. Quelques secondes plus tard, le froncement de sourcil de la rouge se transforma en sourire lorsqu'elle se rendit compte que la bleu ne faisait que s'assurer qu'aucun préfet ou autre représentant de l'autorité ne ramène le bout de son nez. La rouge se retint pourtant cette fois ci de rire, ne voulant pas aggraver encore l'état d'inquiétude de son amie.

Léonie ▬ Tu ne changeras jamais Alyss. Je ne pense pas vraiment qu'un préfet vienne à cette heure ci, je t'assure qu'ils sont déjà passés.

Ce qui était vrai. Suite à ses nombreuses virées nocturnes, Léonie connaissait à peu près les habitudes des préfets. A combien faisaient-ils leurs rondes, vers quelle heure, par où commençaient-ils. Bien sûr ces prévisions pouvaient changer par moments mais en général, elles se révélaient toujours exactes. Léonie s'y été toujours fié et elle n'avait eu jusqu'à aujourd'hui aucun problème, ce qui était bon signe. Mais bon, même avec ce genre d'arguments, elle savait pertinemment qu'Alyss n'entendrait pas raison. Même si Léonie s'acharnait à la faire sortir de ses idées trop régies par le règlement, aucun résultat ne s'était fait sentir. La jeune rouge soupira faiblement, sans aucune once de moquerie ou autre. Après tout, elle n'allait pas faire changer son amie. Elle l'aimait pour ce qu'elle était alors pourquoi s'obstiner à tout changer en elle ? Le fait qu'elle soit dehors prouvait déjà qu'elle n'était pas une poule mouillée comme la plupart des autres élèves de l'école.

Alyss ▬ On fait quoi maintenant ? Il est tard, on pourrait rentrer là, non ?

Un nouveau sourire apparu sur les lèvres de la brune qui se rapprocha doucement de son amie. Elle ne la vit même pas, trop occupée à regarder les alentours d'un air anxieux? Le sourire de Léonie doubla. Franchement, Alyss qui était pourtant connue pour son calme légendaire paniquait vraiment lors de ce genre d'expéditions. A croire que sa plus grande peur n'était autre que l'apparition d'un professeur. Ce qui était sans doute le cas. Tout au contraire de Léonie qui se fichait éperdument qu'un professeur la trouve dans les couloirs bien trop tard. Elle commençait à avoir l'habitude de ce genre de situation. Il y avait alors deux cas envisageables : soit elle parvenait à amadouer le préfet ou le professeur et à rentrer dans son dortoir sans aucune punition -ce qui était le cas le plus fréquent-, soit elle se retrouvait face à un abruti fini et se voyait collée pour plusieurs jours. Mais dans les deux cas, Léonie récidivait à chaque fois, se fichant bien du nombre d'heures de retenues qu'elle pouvait avoir. Après tout, on a qu'une seule jeunesse alors autant en profiter n'est-ce pas ?

Léonie ▬ Non je ne crois pas. On va plutôt faire un petit tour vers la tour d’astronomie et la volière. La vue est superbe la nuit. Et puis si il n’y a rien à faire, on fera un autre petit tour vers les étages inférieurs.

Aucune réaction de la bleu. Ce qui était vraiment étrange de sa part, elle qui n’aimait déjà pas sortir. Le fait d’envisager de descendre était sans doute à la limite du supportable. Léonie fronça les sourcils et se rendit compte que son amie ne l’écoutait même pas, sans doute trop obnubilée par les bruits alentours. Léonie se racla alors la gorge en signe d’impatience et surtout pour montrer sa présence. Lorsque son amie se retourna, elle lui adressa un splendide sourire et ouvrit la bouche pour répondre. Elle fut cependant coupée par des bruits de pas qui venaient de la gauche. La brune tourna immédiatement la tête vers la source du bruit. Les bruits de pas se rapprochaient dangereusement d’elles. Sans prêter attention à la réaction d’Alyss, Léonie attrapa la main de cette dernière et la tira vers l’armure. La jeune fille n’opposa aucune résistance. La rouge la poussa donc aussi loin qu’elle le pouvait dans l’obscurité et de mit face à elle, priant pour que leur cachette soit suffisante. Elles semblaient être bien cachées pour la situation, le professeur allait sans doute passer son chemin sans les apercevoir. Soudain la rouge s’aperçut que la baguette de son amie n’était toujours pas éteinte.

Léonie ▬ Alyss éteint ta baguette ! murmura-t-elle avant de tourner la tête vers le couloir.

Léonie plissa les yeux, s'adaptant à l'absence de lumière qui régnait à présent dans le couloir. Au bout de quelques secondes qui lui parut durer une éternité, la jeune rouge parvint enfin à discerner les différents tableaux qui recouvraient les murs de briques ainsi que les armures luisant dans l'obscurité. Tandis que les pas de l'inconnu se rapprochaient dangereusement des deux hors-la-loi, Léonie sentit son amie se coller à elle. Elle jeta un petit regard à Alyss avec un sourire et reporta son attention sur l'arrivant qui tournait à l'angle du couloir. La rouge repensa aux différents problèmes qu'elle pouvait causer à Alyss. Si un professeur les surprenait, il était sûr qu'elle se dénoncerait pour tout avouer. Après tout, son amie n'avait jamais eu de retenues, ce n'était pas à cause d'elle que ça allait commencer. Et puis de toute façon, presque tous les professeurs du château aimaient Alyss, elle n'avait pas trop de soucis à se faire. Tandis que Léonie était plutôt la bête noire des surveillants. Elle sortait si souvent qu'il était très fréquent qu'elle rencontre un professeur lors de sa ronde. Et ce n'était pas toujours une partie de plaisir. Enfin, la brune avait maintenant l'habitude et ça ne la dérangeait pas plus que ça de passer quelques heures en retenue. Si c'était au contraire un préfet, elle allait sans doute pouvoir arranger l'affaire. Mais les préfets avaient finis leurs rondes à cet étage depuis longtemps, c'était très improbable qu'il s'agisse de l'un des leurs. Dernière possibilité : un élève. Et là, aucun problème. Scrutant l'obscurité, la brune vit enfin apparaître une petite lueur qui l'éblouit. Elle se resserra vers le murs, et mit ses bras autour d'Alyss pour la cacher davantage. Le souffle court, elle attendit que l'inconnu passe devant la statue. Lorsque ce dernier fut à quelques pas d'elle, elle le reconnu comme étant un élève de sixième année, mais d'une maison dont elle ne se souvenait pas. Elle souffla brusquement mais doucement. Elles n'allaient pas avoir d'ennuis, pas ce soir.
Dès que l'élève fut parti du couloir, Léonie se retourna vers Alyss en lui souriant de toutes ses dents. La menace était passée et maintenant Léonie se sentait encore plus fébrile qu'avant. Une bonne dose d'adrénaline, il n'y a que ça de vrai dans la vie. Faisant quelques pas en arrière, elle jeta un derrière coup d'œil pour être sûre que personne d'autre n'arrivait et empoigna la main de la bleue.

Léonie ▬ Il n'y avait rien à craindre en fait. Et au pire, si ça avait été un professeur, tu n'avait qu'à lui faire son regard qui tue. Tu sais bien qu'aucun professeur ne te résiste Alyss.

La brune pouffa discrètement afin de ne pas inquiéter d'avantage son amie et commença à se diriger vers la volière. Brusquement, elle s'arrêta en plein milieu du couloir se rappelant que c'était la direction prise par l'élève. Elle pivota sur elle même afin de faire face à son amie qui la regardait d'un air surpris. Puis elle lui adressa un nouveau sourire avant de réfléchir à tout vitesse. Où pouvaient-elles aller ? Au pire, elles pouvaient toujours rester dans le couloir, dans un coin, à se parler pendant une demi(heure et puis chacune pourrait rentrer dans son dortoir, au plus grand bonheur d'Alyss. Oui, c'était une bonne idée.

Léonie ▬ Finalement on pourrait peut être rester ici pendant une demi-heure et repartir dans nos dortoirs après ? Je connais quelques endroits où on ne risque pas de nous trouver.

Elle sourit de plus belle et attendit la réponse de son amie.