Sullian n’était pas de très mauvaise humeur pour une fois. Il s’était levée tranquillement, étant en avance. Et il avait eu le temps de lire un peu une charmante histoire qui se termine mal, chose ô extrêmement rare. Quelquefois, il en avait vraiment assez des romans où tout est rose et où la fin est tellement prévisible qu’on pouvait l’écrire à la place de l’auteur. Et en mieux certainement. Du moins, c’était ses convictions. Quittant sa chambre après s’être habillé, il rencontra plusieurs élèves qui tentèrent une approche, mais Sullian les ignora totalement. Petit déjeuner en solitaire, cours en solitaire, voilà comment résumer la matinée que passa le jeune homme. Le contraire en aurait étonné plus d’un de toute manière. Peut être tout Poudlard, même … Tout le monde le connaissait pour être un vrai bourreau et pour avoir quelques sautes d’humeur même. Et pour être particulièrement détestable.

Se faire détester, c’était tout un art chez Sullian. Et contrairement à ce que l’on pouvait penser, ce n’était pas tous les jours faciles. Il fallait s’en prendre aux bonnes personnes, c’est à dire à celles qui iront tout raconter à leurs camarades dans la minute qui suit, essayer de prendre part à des conversations tout simplement inutile et peu enrichissante pour mieux ‘’ descendre ‘’ la personne … Oui, ce n’était pas évident du tout. Le plus simple, c’était quand les gens venaient d’eux même. Là, Sullian savait les remballer de sorte qu’il ne revienne plus après même si certaines personne persistaient. Enfin, au moins, il avait un contrôle total sur sa vie. Pas comme certaines personnes, qui ne comprennent pas pourquoi il leur arrivent telle ou telle chose. Lamentable. Et immature.

Après avoir manger – toujours seul – au milieu de tous les Serpentard, ses chers confrères, il n’avait pas cours. Une pause, que n’importe quel sixième année mettrait au service de ses devoirs, parce qu’il est bien connu qu’après les BUSES, on avait certes moins d’heures de cours, mais beaucoup plus de devoirs. Sauf que Sullian ne faisait pas ses devoirs aux mêmes heures que les autres, refusant d’aider quiconque. Quelqu’un pourrait mourir à côté de lui qu’il ne le sauverait même pas. Sympa non ? Mais ça, c’était du Sullian à l’état pur. Il profita alors de cette pause pour essayer de se détendre, loin de l’agitation quotidienne du château.

Il marcha jusqu’au couloir des armures, un livre à la main, ne s’excusant pas lorsqu’il bousculait malencontreusement quelqu’un. Après tout, c’était à eux de faire attention, s’il ne savait plus marchait, ce n’était pas Poudlard qui leur apprendrait. Poudlard n’apprend déjà plus grand chose aux élèves, plus grand chose de vraiment utile, s’il devait se rabaisser à niveau crèche ou garderie, autant s’exiler vers Dumstrang ou Beauxbâtons, même si cette dernière était une école de fille, elle valait certainement bien mieux que Poudlard version crèche. Avec tous les nouveaux cette année, c’était l’impression que Sullian avait. Les profs étaient plus occupés à faire de la discipline, à les dresser qu’à en faire des sorciers potables. La faute aux nés moldus certainement. Le jeune homme, bien que très intelligent, était plutôt étroit d’esprit concernant l’intégration de cette classe de sorciers, si encore on pouvait les appeler ainsi. Sullian les trouvait bien pire encore que les cracmols. Eux, ils avaient du sang de sorcier, du vrai. Ce qu’il regrettait par dessus tout, c’était de ne pas être né dans une famille de sang pur, et même de ne pas être né dans une vraie famille tout court. Enfin, ça c’était le passé, il fallait aller de l’avant, même s’il considérait son avenir comme peu intéressant au final. Parce qu’à Poudlard, il y avait quelques « distractions » alors qu’une vie d’adulte au ministère de la magie lui semblait plus monotone et terriblement ennuyante.

En parlant de distractions … Sullian allait être gâtés. Car en redescendant, un petit groupe de deuxième voire troisième année faisait signer un papier. En l’apercevant, ils eurent un instant d’arrêt, ce qui amusa fortement le jeune Serpentard. Sa réputation le suivait, c’était parfait. Il ralentit exprès, pour voir s’ils allaient l’aborder, ou pas. Après quelques chuchotements et regards paniqués, une première année – la seule du lot apparemment – et un garçon un peu plus grand s’avancèrent, avec un large sourire effrayé. La plus jeune lui tendit un morceau de parchemin où quelques noms d’élèves étaient déjà inscrits ainsi qu’une plume. En haut, en guise de titre était noté « Pétition pour la protection des Sombrals Incompris et Maltraités par Les Elèves ». D’abord, il regarda la première année. Tout mignonne, deux couettes dans ses cheveux blonds, de grands yeux gris plein d’espoir. Un appât en fait. S’ils pensaient qu’elle allait attendrir le jeune Sullian, ils avaient tout faux. Elle devait à peine savoir ce qu’était exactement un sombral. Il observa ensuite le garçon qui commença un discours comme quoi tout le monde se moquait de ses monstres invisibles, et que ceux qu’ils les voyaient en profiter pour les martyriser. Fortement passionnant. Alors, Sullian eut un sourire faux, ironique, et lança d’une voix traînante.

- Sombrals incompris et maltraités hein ? Avec cette pétition, vous les insultez en premier. Franchement, avec les Elfes de Poudlard, vous auriez plus crédibles.

La petite fille poussa alors la plume vers les mains de Sullian, qui eut envie de rire.

- Non, les autographes, c’est pas aujourd’hui.

Alors il partit, plaquant la feuille sur la poitrine du garçon, qui sursauta. Une pétition pour des animaux que pas la moitié d’entre eux arrivait à voir … Lui le premier d’ailleurs. Mais il ne voyait personne les maltraiter. Au contraire, s’ils n’étaient pas là, les élèves seraient les premiers à protester, étant trop fainéant pour faire le chemin qui séparait Poudlard de la gare à pied. Pour les Elfes, il aurait peut être signé. Et encore. Il était nullement concerné puisque jamais il ne ferait de mal à un animal, c’était beaucoup trop facile. Un élève, c’était mieux. D’ailleurs, il ferait bien de créer une pétition pour la protection des élèves maltraités par Sullian. Celle là, elle ferait fureur dans le château.

Le jeune Serpentard continua à errer, livre à la main, mais cette fois ci, il remarqua qu’il était suivit. Ne prenant pas la peine de se retourner, il ralentit quand même, légèrement curieux de savoir qui avait assez de courage pour agir de la sorte. Il fallait soit être fou, soit maso sur les bords pour avoir seulement l’envie de suivre Sullian. Ou bien, fallait l’admirer. Il eut un sourire à cette pensée totalement absurde. De toute manière, il allait très vite connaître les intentions de cette personne car elle allait certainement lui faire face très bientôt.

Journée on-ne-peut plus typique à Pouldard pour Llya'. Réveil en semi-fanfare par les autres filles avec qui elle partage sa chambre, qui couraient dans tous les sens - comme tous les matins, à vrai dire - afin de se préparer et se faire belle pour tel ou tel garçon, un rituel qui faisait que la blonde se réveillait chaque matin avec un rictus plaqué sur sa bouche, et de bonne humeur. Après une légère attente dans la salle commune jusqu'à ce que son pouffy de meilleur ami daigne sortit de son lit et se préparer, les deux se rendirent dans la Grande Salle afin d'aller apprécier un petit déjeuner préparé comme chaque matin par les elfes de maison se situant juste en-dessous de la salle. Un petit déjeuner se déroulant dans une humeur joyeuse, ponctuée par l'arrivée de leurs amis respectifs de leur maison et des autres. Après une matinée exclusivement réservée aux potions et à la défense contre les forces du Mal - des cours partagés avec tous les élèves de sixième année, dont certains ne faisaient rien pour arranger la longueur de ses cours assez contraignants, elle retrouva Mike et quelques autres Poufsouffles pour le midi. Après être passés rapidement pour manger quelque chose dans la Grande Salle - d'où la blonde ne manqua pas de remarquer ce garçon qui l'intriguait tant par sa solitude, un serpentard nommé Sullian Prescott, le petit groupe d'amis se rendit ensemble vers les serres, afin d'accompagner certains qui avaient prit la botanique comme option cette année. Et bien heureusement pour Llya', elle-même n'avait pas choisit cette option. Elle était une vraie incompétente en botanique, et ne manquait jamais une occasion de se faire remarquer pendant les cours lors des années ultérieures, pour le plus grand plaisir du blond lui servant de meilleur ami.

C'est sur le chemin du retour que les chemins des deux amis se séparèrent. En effet, en tant que préfète et devant montrer l'exemple, Llyana s'était déjà beaucoup avancée dans ses devoirs, et pouvait donc profiter de cette pause bien méritée après cette matinée fatiguante, mais pas Mikelangelo. Lui avait encore quelques rouleaux de parchemins à produire s'il ne voulait pas se retrouver submergé par le travail dans les semaines à venir. Il se rendit donc à la bibliothèque, pendant que la pouffy arpentait les couloirs sans but précis. C'est alors qu'elle repéra un petit groupe de jeunes élèves ayant l'air assez agités à propos d'un bout de parchemin que l'un d'eux tenait entre ses mains. Deux d'entre eux - les plus jeunes, bien évidemment - avaient été envoyés vers un garçon brun, qui semblait avoir son âge. En s'approchant un peu plus, elle pu remarquer qu'il s'agissait justement du serpentard qu'elle avait vu ce midi. Le brun restait encore et toujours un mystère pour elle, et elle avait beau essayer de le comprendre, elle n'y parvenait jamais. En même temps, il était difficile de comprendre quelqu'un lorsque celui-ci vous envoyer bouler à chaque fois que vous tentiez de lui parler. Mais, heureusement pour elle et malheureusement pour lui, elle était persistante, et n'avait toujours pas baissé les bras. Alors lorsqu'elle fut assez proche pour entendre son « Non, les autographes, c’est pas aujourd’hui. », sa curiosité fut une fois de plus piquée au vif.

Lorsqu'il fut partit, elle s'approcha des jeunes et ceux-ci, devant son sourire compatissant, lui tendirent le parchemin qu'ils venaient de montrer à Sullian. Celui-ci avait pour titre « Pétition pour la protection des Sombrals Incompris et Maltraités par Les Elèves ». D'accord, elle pouvait comprendre que ce motif-là en rebutait certains - après tout, très peu d'entre eux pouvaient voir les Sombrals, et encore, ce n'était pas forcément quelque chose dont ils se vantaient, vu que celà signifiait qu'ils avaient au moins une fois cotoyé la mort d'en face. Mais elle ne comprenait pas pourquoi il lui fallait être si désagréable dans son refus. Bon, après tout, il était un Serpentard, et même si Llyana n'aimait pas se fier aux préjugés, ceux sur les élèves peuplant cette maison s'avéraient souvent bien vrais.

Après avoir signé la pétition des jeunes élèves - elle devait se l'avouer, elle-même n'était pas pour cette pétition, mais elle n'avait pas vraiment pu refuser devant leur yeux suppliants - elle marcha à grands pas rapides, histoire de rattraper ce brun qui l'intriguait tant. Elle le sentit ralentir, un bon signe pour elle : peut-être qu'aujourd'hui il voudrait enfin répondre de ses actes et à sa curiosité ? Mais non. Lorsqu'elle arriva enfin à son niveau, un peu essoufflée, elle le vit sourire. Sourire. Pensant que ce sourire était destinée à ce qu'il venait juste de faire, une bouffée de fureur s'empara de la jeune fille, qui ne put s'empêcher de lui lancer une réplique quelque peu cinglante en guise de question, au lieu de celles qu'elle avait préparé dans sa tête quelques secondes avant.

« Ah, parce que ça te fait sourire d'envoyer sur les roses des plus petits que toi juste parce que leur pétition n'est pas fondée ?! »

Les pétitions n’étaient pas faites pour Sullian. Non, pas du tout. Et puis, il était quelque peu méfiant quand il devait signer un papier et lisait toujours tout, même les petites lignes, comme on le lui avait apprit. On pourrait très bien lui faire un mauvais tour en utilisant sa signature ou son écriture, c’était tellement facile avec la magie, et tous les élèves en étaient capable, même les premières années les plus stupides. Le jeune Serpentard avait pleinement conscience qu’il ne faisait pas parti des personnes les plus appréciées de Poudlard. Il était « populaire » d’une toute autre façon. On le craignait et l’idée qu’on l’évite lui plaisait énormément. Du coup, il n’était pas à l’abri de vengeances d’élèves, ceux qui n’avaient pas aimé les attaques orales de Sullian et qui étaient assez audacieux pour l’affronter. Le jeune homme en attendait certains au tournant, car il les avait suffisamment observé pour savoir de quoi ils étaient capable. Et c’est souvent ce genre de personne que Sullian va provoquer, pour s’amuser … Toujours est-il qu’il connaissait un sort pouvant imiter une écriture, et Sullian faisait donc particulièrement attention à ses affaires.

Il arrêta sa réflexion ici, un peu forcé, car la personne qui le suivait, ou qui l’espionnait plutôt, commença à parler, lui reprochant le fait de ne pas avoir signé apparemment. Sullian émit alors une sorte de grognement en reconnaissant le son de la voix, voix qu’il n’appréciait pas, tout comme sa propriétaire. Oui, il s’agissait d’une fille que le Serpentard connaissait bien parce qu’elle était particulièrement énervante, collante, et trop curieuse à son goût. Llyana Abersmith, sixième année à Poufsouffle. Pour son plus grand malheur, cette fille était de son année et semblait lui porter un grand intérêt. Sullian avait certes conscience qu’il avait un charme fou et une classe naturelle, se trouvant d’ailleurs à la limite du narcissisme, mais ce n’était pas utile de s’intéresser autant à lui, comme le faisait cette fille. En plus, son attitude était assez récente et cela était surprenant car Sullian était persuadé que Llyana ne le portait pas dans son cœur lors des années précédentes, ce qui soit dit en passant ne dérangeait pas le moins du monde le Serpentard. Du coup, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi cette fille venait lui parler, sachant parfaitement qu’elle risquait presque sa vie.

Contrairement à lui, les pétitions avaient l’air de plaireà Llyana. En même temps, avec son fort caractère, Sullian l’imaginait parfaitement manifester dans le château pour n’importe quelle cause, aussi stupide que la défense des Sombrals. La Poufsouffle avait un peu de chance cependant, Sullian n’étant pas d’une humeur maussade. Un peu de jeu allait lui faire du bien … C’est qu’il commençait à perdre la main le petit. Ou perdre les mots ici. La jeune fille était un bon entraînement qui plus est. Sullian se retourna alors vers elle, affichant sur son visage un large sourire hypocrite et prit un ton « gentil » mais qui sonnait tout de même très faux.

« - Bonjour Llyana. »

La politesse, principe important pour Sullian. Enfin, dans cette situation, c’était quelque peu déplacé, mais il en avait cinscuence et c’était l’une des choses qui l’amusait fortement. C’était pour bien lui faire comprendre qu’il se moquait complètement d’elle, pour ne pas dire autre chose. Agir ainsi avait aussi un côté comique pour le Serpentard : il aimait parler en étant en décalage avec ses pensées, comme ici. Jouer avec son image c’était tout un art que le jeune Sullian maîtrisait complètement. Il releva que Llyana n’avait pas utilisé un langage familier comme la plupart, et même tous les autres élèves. Le Serpentard y était particulièrement sensible, mais il n’admettra pas qu’une personne de son âge use de la langue de ce cher Shakespeare aussi bien que lui.

« - Parce que tu l’as signé ? Eh bien, je ne pensais pas que tu pouvais te rabaisser à ceci. »

Mensonge. Sullian était convaincu que tous les élèves de Poudlard, excepté lui évidemment, étaient capable d’adhérer à ce genre d’idée loufoque et sans intérêt et cette fille la première. En fait, il avait une image très négative de ses camarades en général, il avait crée lui-même ses propres préjugés et se croyait réellement supérieur à eux. De plus, cette conviction était parfaitement visible dans son attitude : la tête toujours haute, le regard méprisant, un rictus en guise de sourire. Voilà comment décrire Sullian, lorsqu’une personne ne voyait pas qui il était.

« - Et puis, ce n’était pas méchant, mais seulement réaliste. Il faut bien leur faire comprendre que ce qu’ils font là est complètement inutile. »

Vérité. Du moins, du point de vue de Sullian. Le jeune Serpentard partait du principe que s’il ne les avait pas « envoyé sur les rose », en reprenant les mots de Llyana, quelqu’un d’autre l’aurait fait. Alors pourquoi se priver de ce plaisir et de l’offrir à autrui ? Ce serait un pur gâchis, car Sullian savait parfaitement qu’il était le seul à pouvoir agir ainsi sans le regretter. Oui, il n’avait aucun remord vis-à-vis de ses actes et il était sûr d’avoir fait une bonne action en refusant de signer : une signature en moisn, une chance en plus pour que cette pétition n’aille pas plus loin que dans les déchets de Poudlard, ce dont le jeune homme ne doutait point, et tout ça grâce à lui. Trop sûr de lui ? Non, il savait simplement qu’il avait raison, comme souvent et même toujours, et que de toute manière, leur morceaux de parchemins ne méritait même pas de servir de couchette pour les Elfes de Maisons qui se trouvaient dans les cuisines. Trop cruel ? Oui, et qu’est ce qu’il pouvait aimer ça ! Après tout, si tout le monde était gentil, beau et rose. Les gens méchants, il en fallait bien un peu. Et Sullian faisait partie de cette catégorie, sans hésitation.

« - Mais pour répondre à ta question, oui, cela m’amuse énormément de rire de la bêtise humaine. Combien je te dois pour ce superbe diagnostic ? » finit-il par dire en faisant mine de fouiller dans ces poches, en quête de quelques mornilles.

La remarque de la Poufsouffle fut accueillie par le Serpentard avec un grognement. Tellement habituel. Elle n'y prêtait même plus attention, à vrai dire. Car, à chaque fois qu'elle s'avançait vers lui pour lui parler, ce dernier emmettait toujours ce genre de borborygme qui avait eu le don de l'insupporter à une certaine époque, mais plus maintenant. Ca en devenait presque la signature du jeune homme, et une signature fort peu sympathique à cela. Ce n'est donc pas pour si peu que la blonde allait se rebiffer et le laisser vaquer à ses occupations comme si ce minime interlude ne s'était jamais produit. Elle calqua donc le rythme de ses pas sur le sien - ayant un peu de mal du à leur différence de taille mais parvint tout de même à le garder - et attendit patiemment une réponse. Qu'elle crut venir lorsqu'il ouvrit la bouche, mais non. Ce dernier préférait la prendre - une fois de plus - pour une imbécile, et jouer de la fausse politesse. Un " bonjour " qui reçut à peine plus qu'un petit souffle ressemblant plutôt à un soupir de sa part. Elle savait très bien qu'il jouait avec ses nerfs, alors pourquoi donner satisfaction à ce sourire le plus faux qu'elle ait jamais vu sur un visage, et à cette marque de politesse qui n'en avait aucunement l'air sortant de sa bouche ?

Ah. Enfin une réponse à proprement dite. Mais qui constituait une attaque supplémentaire. Mais pourquoi ce garçon s'obstinait tant à repousser les gens, même lorsqu'il répondait à une simple question ? Il ne faisait qu'attaquer ceux qui s'osaient à lui parler, et rien d'autre. Son comportement continuait encore et toujours à intriguer la jeune fille, et c'était pourquoi elle revenait constamment à la charge. Quand comprendrait-il cela un jour ? S'il y arrivait, elle se demandait bien qu'elle serait sa réaction. A vrai dire, l'énigme qu'il constituait la rendait dans l'incapacité de le lire précisemment, et cela devait être justement pour cela qu'elle voulait en savoir plus sur lui, et sur la raison de son caractère si solitaire. Mais, pour autant, elle n'allait pas jouer au jeu qu'il tentait de lancer ici. A certains moments, elle devait avouer qu'elle s'y prenait, et répondait ardemment afin de se défendre ou de défendre la cause à laquelle il se prenait à ce moment-là, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, elle voulait juste savoir. A quand la fin de ses jeux, vraiment ? Ils étaient en sixième année ! La maturité faisait-elle partie de son vocabulaire ?! Elle en doutait fortement, pour qu'il en vienne à sortir certaines remarques si basses qu'elle était sûre qu'un première année ne se risquerait plus à les sortir s'il ne voulait pas finir couvert de furoncles de la tête aux pieds du à un sort jeté par ses " si gentils " camarades. . .

« Oui, je l'ai signée. Et, aurait-tu des problèmes auditifs ? J'ai dit juste avant que je ne la trouvait pas fondée. Donc, tout comme toi, je suis d'accord sur le fait qu'elle soit inutile. Mais ce n'est pas pour autant que je me permets des remarques si sarcastiques ! »

Bon, d'accord, elle avait joué le jeu, finalement. Mais même si elle en avait marre, cela s'avouait tentant pour elle de répliquer à certaines de ses attaques. Parce que malgré tout, Llyana était ce qu'elle était, et c'était dans sa nature de défendre. Elle devrait peut être se lancer dans une carrière de défenseur au Magenmagot, au lieu de devenir Auror. . . Mais bon, là n'était pas la question, et le temps n'était pas à la décision de carrière pour l'instant. Le temps était à la satisfaction de la curiosité incurable de la jeune blonde, même si elle savait pertinemment que celle-ci ne le serait probablement jamais avec le garçon avec lequel elle s'entretenait en ce moment.

Sa dernière réplique, par contre eut le don de la rendre très en colère. La bêtise humaine ?! C'était comme cela qu'il qualifiait l'action désespérée de pauvre premières années qui n'avait pas encore compris le véritable fonctionnement des choses ?! Et elle qui se disait qu'il n'était pas mature. . . Voilà qui constituait une nouvelle preuve à ses pensées. Et une fois de plus, il prenait tout sur le ton de l'humour noir et rejetait le sérieux et ses conséquences. Et, par la même occasion, rejetait les gens qui essayaient de parler ou socialiser avec lui. Pourquoi, mais pourquoi ?! On aurait pu croire que la Pouffy était désespérée, mais rien n'en était. Elle était juste étonnée, et énervée, face à ce comportement si désinvolte qu'arborait vingt-quatre heures sur vingt-quatre le brun.

« Hmpf ! Rien du tout, je ne voudrais pas que tu gaspilles tes précieuses mornilles pour si peu, après tout, nous sommes inférieurs à toi, n'est-ce pas ? Pourquoi repousses-tu les gens comme ça ?! »

On en revenait toujours à la même question, en fait.

Sullian était satisfait de lui, Llyana avait répondu à sa provocation. Il aimait voir ses « victimes » s’énerver inutilement, comme elle le faisait. Lui, il restait calme, prêt à répondre à tout, ne craignant ni les réactions apportés ni les conséquences. Les conséquences … Le cadet de ses soucis en fait. Il était le dernier à faire attention au bien être d’une personne, le dernier à s’inquiéter de l’impact que ses mots pouvaient avoir. Une justification : ils n’avaient qu’à être plus fort. Après tout, si lui arrivait à rester calme, froid et insensible, tout le monde pouvait faire comme lui. Du moins, c’était ainsi qu’il pensait.

« -Tu l’as signé, donc tu y as participé. Personnellement, je ne veux pas donner ma signature à n’importe qui, et pour n’importe quoi. On ne sait jamais où cela pourrait atterrir. »

Il arqua un sourcil en jetant un coup d’œil à Llyana, qui était beaucoup plus petite que lui soit dit en passant. Tant mieux, ce serait plus facile pour lui pour la regarder de haut … Même si la plupart du temps, il n’avait aucun mal à cela étant donné qu’il était plus grand que la moyenne, un avantage pour lui. Sullian marqua alors une courte pause, le temps de cette réflexion, et continua.

« - Si tout le monde faisait comme toi, les pétitions de ce genre ne tarderait pas à proliferer dans Poudlard, pire qu’une maladie. Mes remarques sarcastiques, comme tu le dis si bien, ont du bon, surtout si je suis le seul à le faire. »

Sullian eut un sourire qui redoubla lorsque la Poufsouffle lui répondit qu’elle ne voulait pas de ses mornilles si précieuses. D’abord, c’était l’argent de ses parents, donc il s’en fichait un peu à la vérité. Puis, donner l’argent aux pauvres, c’était normal pour lui … Il fallait bien leur donner une chance d’égaler les riches, non ? Sur ce point, le Serpentard était cruel, mais c’était son éducation et le peu de mots échangés avec ses parents qui lui avait appris à raisonner ainsi, même s’il ne connaissait pas la situation financière de Llyana. Aussi, elle avait totalement raison sur un point : pour Sullian, tous les autres élèves – hormis les sangs purs évidemement – sont et le seront toujours inférieurs à lui. Personne ne l’égal, c’est un fait. Et il y croit dur comme faire. Qui plus est, il a, à chaque fois, des argurments très convaincant. Par exemple, il n’a de cesse de dire, qu’au niveau scolaire, il dépassait tout le monde, ce qui n’est pas vraiment faux.

Cependant, il ignora un instant sa dernière question, qui sonnait comme un refrain dans sa bouche. Il ne comptait plus les fois où cette fille le lui avait demandé. C’était une question simple pourtant, mais le Serpentard refusait catégoriquement de lui répondre, pour la simple et bonne raison que c’était un problème personnel, qu’i l arriverait à régler seul. Seul, il l’a toujours été et il compte bien le rester. Après tout, il n’a jamais vraiment été malheureux sans amis, alors autant continuer. Surtout lorsqu’il voit tous ses camarades se déchirer entre eux, pour une simple histoire. Et puis, repousser les gens, voir leur réaction, c’était tellement plus amusant ! Du point de vue de Sullian, il existait trop de gens gentils aujourd’hui, le monde était trop mielleux, dégoulinant de bons sentiments. Un peu de méchanceté faisait donc du bien, surtout à Poudlard où tout le monde semblait s’aimer. Non, repousser les gens, c’était mieux. Le Serpentard avait beaucoup de mal à s’imaginer avec plein d’amis, toute une bande, comme un adolescent normalement constitué. Mais au moins, il faisait dans l’original, lui.

Sullian continua à marcher, silencieux. Répondre ou ne pas répondre ? Telle est la question … En fait, il n’avait pas du tout envie de s’expliquer là-dessus et Llyana serait certainement la dernière personne à qui il se confierait. Mais il savait aussi qu’elle n’était pas prête de le lâcher et qu’elle le suivrait pendant un long moment. Au final, sa journée serait gâchée par la curiosité d’un être misérable. Sans exagération.

« - Je peux te poser la même question. Pourquoi veux-tu avoir des amis ? »

Avec ça, le Serpentard espérait qu’elle abandonnerait l’idée d’avoir une réponse concrète de sa part, et qu’elle le laisserait tranquille. Ce qu’il en comprenait pas, c’était pourquoi la Poufsouffle tenait tant à cette question. Après tout, il ne lui avait jamais témoigné le moindre signe d’affection, ni même adressé un regard avant qu’elle se mette en tête de le « percer à jour ». Non, vraiment, il n’arrivait pas à saisir une logique dans les choix de Llyana. A moins que cette dernière veuille avoir tout Poudlard dans sa bande d’ami. Ce qui était une hypothèse tout à fait vraisemblable, mais Sullian ne s’intéressait pas suffisamment à elle pour la connaitre et savoir si elle faisait partie de ce genre d’individu ou non.

« Mais merci de me porter un si grand intérêt, je sais que je suis une personne formidable ! »

Il eut à nouveau un grand sourire hypocrite, qui ressemblait beaucoup à un sourire pour publicité de dentifrice. Sullian se sentit presque obligé de dire cela, par pure provocation évidemment. Même s’il pensait ce qu’il avançait, il savait aussi que Llyana allait forcément réagir et pour son plus grand plaisir. Il finit donc par la regarder, s’arrêtant alors, afin de pouvoir observer sa réaction.